L’industrie doit se réinventer en profondeur

SOURCE : LE TEMPS

«Innover, c’est sauter dans le vide en espérant que des ailes nous penseront dans le dos», a résumé Elmar Mock, l’inventeur de la swatch, à l’occasion de Technopolis à Neuchâtel, consacré à l’industrie 4.0

Plusieurs PME romandes de l’industrie de précision étaient réunies mardi à Neuchâtel dans la Haute Ecole Arc Ingénierie (HE-Arc), à l’occasion de Technopolis, une journée de réseautage et d’échange d’idées. Une occasion de présenter des produits aux donneurs d’ordre mais aussi au monde académique. Cette journée a aussi été celle de la réflexion concernant l’avenir de l’industrie en Suisse.

La 4e révolution industrielle que l’on nomme Industrie 4.0 en est encore à ses prémices mais est incontournable. Après la mécanisation, l’électrification et l’automatisation, place à la numérisation et aux machines de production qui communiquent entre elles. Toutes sortes de questions doivent être résolues: comment organiser d’une nouvelle façon les moyens de production? Comment offrir plus de flexibilité et une allocation plus efficace des ressources?

Les technologies 4.0 vont bouleverser le monde industriel en profondeur. «C’est aussi un défi en matière de formation. Nous devons accompagner et anticiper les besoins», a noté Brigitte Bachelard, directrice générale de HE-Arc. L’industrie 4.0, qui se caractérise par le développement d’outils permettant de connecter et de faire communiquer les objets entre eux, devra employer des informaticiens. «Il faut les faire venir dans notre secteur», a jouté Samuel Vuadens, président Groupement Suisse de l’Industrie Mécanique (GIM-CH).

Intérêt autour de la Micro5
De son côté, Elmar Mock, co-inventeur de la Swatch et fondateur de l’entreprise Creaholic à Bienne, spécialisée dans les innovations dites de rupture, a donné sa vision de l’innovation industrielle. «Il y a une énorme confusion. Tout le monde dit en faire. Pourtant, dans 95% des cas, les sociétés rénovent uniquement, affirme-t-il. Innover, c’est sauter dans le vide en espérant que des ailes nous pousseront dans le dos. Faire ce saut est pourtant une question de survie.»

Selon lui, les sociétés doivent continuer à rénover mais aussi allouer 5% de leur activité au risque. Quant aux sociétés industrielles, elles doivent acquérir des start-up, comme d’autres sociétés le font dans les sciences de la vie ou les technologies de l’information. Elmar Mock, qui raffole de métaphores, compare les entreprises suisses aux volatiles. «Les oiseaux sont extrêmement agiles mais jamais ils ne volent avec leurs œufs», dit-il en faisait référence aux start-up qui doivent éclore dans des lieux sûrs et protégés.

Une fraiseuse à commande numérique
De leur côté, Claude Jeannerat et Philippe Grize de la HE-Arc ont fait part de leur vision de la manufacture de demain, en présentant la Micro5, une fraiseuse à commande numérique 5 axes extrêmement précise avec une taille d’une machine à café. Elle est capable de riposter aux techniques d’impression 3D censées enterrer l’usinage traditionnel. «Des horlogers viennent se former à la Micro5. Trois entreprises sont disposées à produire la machine en échange de royalties», se réjouit Claude Jeannerat. Mais, selon Elmar Mock, «Micro5 prend certes moins de place mais fait la même chose qu’avant. Or, la Suisse d’il y a dix ans n’existe plus.»

Partager cet article
Group
Combined Shape
Combined Shape