Réalité virtuelle et apesanteur conjuguées: l'espace comme si on y était

La réalité virtuelle s’invite à bord de l’Airbus « Zéro-G » spécialisé dans les vols recréant les conditions de l’apesanteur: samedi, l’astronaute français Jean-François Clervoy a fait ses premiers pas virtuels sur la Lune, reproduite en images de synthèse.

Grâce à un masque de réalité virtuelle spécialement adapté à l’apesanteur ou à la gravité lunaire ou martienne, un passager peut désormais se croire vraiment dans l’espace tout en flottant dans la cabine de l’avion.

La mise au point de la plateforme de réalité virtuelle par la société d’innovation ICEBERG a nécessité deux ans et demi de travail.

« J’ai eu le plaisir de bondir sur la Lune. C’était extra! », déclare à l’AFP Jean-François Clervoy, président de Novespace, la société qui exploite cet avion basé à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac.

Il a testé le dispositif lors d’une parabole en gravité lunaire (un sixième de la gravité terrestre) réalisée samedi par l’Airbus A310 « Zéro-G » parti de Zurich (Suisse).

L’astronaute de l’Agence spatiale européenne (ESA) a réalisé trois vols bien réels à bord de la navette spatiale américaine dans les années 1990 mais il n’est jamais allé sur la Lune.

En portant le masque, Jean-François Clervoy a vraiment eu l’impression de se retrouver avec les astronautes de la mission Apollo 11, les premiers à marcher sur la Lune le 20 juillet 1969.

« Je voyais le module lunaire, le drapeau américain. Je pouvais tourner la tête dans toutes les directions: j’étais toujours dans un paysage lunaire », raconte-t-il par téléphone.

« J’avais des écouteurs diffusant les conversations de l’équipage avec la Nasa. J’ai vraiment eu l’impression d’être Neil Armstrong! ».

L’expérience a duré un peu plus de 20 secondes. « J’avais envie que cela se prolonge », confie M. Clervoy.

L’astronaute a une grande habitude des vols en apesanteur mais le masque apporte « vraiment un plus », dit-il.

– ‘Tourisme spatial’ –

L’Airbus « Zéro G » (pour zéro gravité) est spécialisé dans les vols paraboliques qui permettent de recréer les conditions de l’apesanteur pendant des plages d’environ 22 secondes, plusieurs fois par vol.

Son rôle premier est de permettre aux scientifiques d’agences spatiales et d’universités de faire des expériences.

Le vol de samedi était « avant tout consacré à des expériences scientifiques en apesanteur sélectionnées par le Swiss Space Office », précise à l’AFP Thierry Gharib, directeur général de Novespace, filiale du Cnes, l’agence spatiale française.

Depuis 2013, Novespace propose aussi des vols « découverte » pour le grand public au prix de 6.000 euros par passager.

Cette activité permet de diminuer le coût des campagnes de vols paraboliques au service de la science, rappelle M. Gharib.

Samedi, un passager suisse, passionné d’espace, a pu tester lui aussi le masque de réalité virtuelle lors d’une parabole de l’avion en gravité zéro.

Son corps flottait en apesanteur tandis qu’il avait l’impression de se trouver à côté de la Station spatiale internationale.

Jean-François Clervoy se tenait près de lui pour éviter qu’il se fasse mal en heurtant les parois de l’avion.

La société ICEBERG a mis au point un logiciel spécifique pour adapter un masque de réalité virtuelle classique à la gravité zéro.

« En apesanteur, un masque normal ne marche pas car il ne sait pas si c’est le véhicule qui change d’orientation ou la personne. Il a donc fallu compenser les mouvements de l’avion », explique à l’AFP Amaury Solignac, président d’ICEBERG.

En outre, un masque classique utilise la verticale, qui est donnée par la gravité terrestre, pour se repérer dans l’espace.

« En apesanteur, le masque n’a plus cette verticale et l’image se met à tourner dans tous les sens. Nous avons mis au point un système qui permet d’utiliser des masques de réalité virtuelle confortables dans les conditions d’apesanteur », ajoute-t-il.

Novespace a l’intention de proposer ce service dans le futur, indique Jean-François Clervoy. « Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont cela peut être organisé ».

« Cette technologie ouvre des perspectives inédites pour le tourisme spatial, ainsi que pour l’entraînement opérationnel des astronautes », estime Novespace.

© 2016 AFP

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